actionsanté : les entreprises s’engagent pour la santé
Avril. 2017Fin des programmes nationaux de prévention
actionsanté. actionsanté constitue un autre point fort du PNAAP. Roger Darioli présente la genèse, les objectifs et les résultats de cette initiative lancée par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Auparavant intégrée au Programme national alimentation et activité physique, elle est poursuivie dans le cadre de la stratégie MNT.
Pourquoi l’initiative actionsanté a-t-elle été lancée en 2009 ?
actionsanté voulait surtout exploiter une voie encore peu utilisée, celle de la coopération avec des acteurs économiques et institutionnels. Ces acteurs représentent un grand potentiel en termes de prévention puisqu’à travers leur offre ou leur intervention « make the healthy choice the easy choice », ils peuvent agir sur l’environnement de l’individu et influencer favorablement son comportement en matière de santé.
Le concept a été élaboré sur la base d’expériences faites à l’étranger. La Direction générale de la santé et des consommateurs de la Commission européenne a lancé sa plate-forme d’action en 2005. D’autres États de l’UE ont suivi l’exemple.
Quels résultats ont été obtenus depuis le lancement de l’initiative
Presque tous les acteurs importants du secteur alimentaire sont ou ont été impliqués. 21 partenaires ont formulé 38 promesses d’action qui concernent avant tout la composition des denrées alimentaires (p. ex., la réduction de la teneur en sel ou en sucre dans un large éventail de produits) et, pour les produits malsains, la restriction de la publicité ciblant les enfants.
Toutes les entreprises du secteur alimentaire sont aujourd’hui conscientes qu’il est nécessaire d’adapter la composition des aliments. Ainsi, les principaux fabricants suisses de yogourts et de céréales ont rencontré M. Alain Berset lors d’une table ronde à Milan pour réduire la teneur en sucre dans ces produits.
Pour quelles raisons les entreprises s’engagent-elles volontairement en faveur d’actionsanté ? Quels bénéfices en retirent-elles ?
Ce partenariat repose sur le principe gagnant-gagnant : d’une part, les entreprises, avec leurs promesses d’action, encouragent la population à adopter un mode de vie sain ; d’autre part, elles peuvent utiliser le logo d’actionsanté pour leurs communications liées à cette initiative et profiter d’autres offres.
En bref, cet engagement de type RSE (responsabilité sociétale des entreprises) se traduit par un gain en termes d’image, une reconnaissance de l’OFSP/OSAV et une valorisation de leurs efforts à rendre l’environnement des consommateurs propice à des choix promoteurs de santé.
Par ailleurs, actionsanté organise une conférence annuelle réunissant ses partenaires afin qu’ils développent leur réseau, mettent en avant leurs promesses et réfléchissent sur des thèmes dans lesquels un engagement est nécessaire (p. ex., Stratégie sel, mobilité douce).
Quels sont les principaux défis de cette initiative ?
J’en vois trois : 1.) La poursuite et l’élargissement des promesses d’action par les partenaires constituent le premier défi majeur de cette initiative exemplaire par son caractère incitatif et volontaire. 2.) La réponse des consommateurs à ces promesses d’action en achetant effectivement ces produits plus sains ou en optant pour plus de mobilité douce constitue également un autre défi de taille. Et 3.) S’y ajoute aussi la responsabilité de notre gouvernement qui doit soutenir une telle initiative visant à réduire le fardeau des MNT chroniques, car celles-ci représentent à elles seul 80 % des dépenses de santé.
Comment garantir la qualité des promesses d’action ? Comment éviter qu’une entreprise utilise actionsanté uniquement pour améliorer son image ?
L’entreprise présente son action et ses objectifs dans le cadre d’une déclaration d’intention. Pour devenir partenaire, elle doit proposer des actions remplissant les différents critères d’admission et se déclarer prête à évaluer l’objet de sa promesse chaque année.
Le groupe d’experts actionsanté (GEAS) valide les promesses d’action soit à l’aide des critères définis, soit à l’aide de critères internationaux, comme les profils nutritionnels de l’OMS/Europe.
À propos
Le Dr Roger Darioli est professeur honoraire de l’UNIL et ancien médecin-chef de la Consultation de prévention cardiovasculaire CHUV-PMU à Lausanne. Actuellement, il est président du conseil de fondation de l’Institut suisse des vitamines à Épalinges près de Lausanne et vice-président de la Société suisse de nutrition.